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qu’on ne recommence pas. Je sais bien qu’après la mort de Rabelais on accueillit encore un dernier livre du Pantagruel, bien inférieur cependant aux autres ; mais l’ombre de Rabelais le protégeait, et, s’il avait paru sous le nom de l’auteur véritable tout le monde eût sifflé le malencontreux imitateur. Quel était-il en réalité ? On l’ignore aujourd’hui ; personne même ne s’est avisé de le rechercher, tant on a pris confiance aux anciennes éditions du Pantagruel qui ajoutèrent cette contrefaçon au chef-d’œuvre modèle. Peut-être était-ce notre Guillaume des Autelz, docteur en droit, grammairien curieux, grand ami de la vie joyeuse, d’ailleurs satirique inoffensif et railleur de second ordre. Tout inférieur que soit à ses aînés le dernier livre de Pantagruel, il a pourtant du bon, et nous en disons autant de la Mitistoire barragouyne. Ce mot de Mitistoire répond apparemment à « fabuleuse » ou « allégorique histoire. » Nous trouvons la très édifiante explication de celui de Fanfreluche dans le cours du récit. Les Barragouyns sont les peuples des bords de la Creuse, et Gaudichon, « escolier en l’université de Peu d’Études, » est le masque de l’auteur même. C’est lui que son père envoie à Paris pour y terminer son éducation. « On mena tout droit Gaudichon au collège de Bourgongue, sous la charge de M. Guillaume Bernard, principal d’autant bon sçavoir, et vertu qu’autre qui fust pour lors en l’université… Et fut passé magister juré, l’an 1543, en la rue au Foirre, en une salle qu’il fit faire expressément, appelée maintenant la salle de Croquelardie. Si vous entrez en ladicte salle, vous trouuerez escrit en grosse lettre : Vivant Croqvelardones ! Fundauit Gaudichonius de Croquelardia. »

C’est encore une imitation de Rabelais que la généalogie, de Fanfreluche et la lettre du père de Gaudichon à son fils, pour l’engager à choisir du parti de l’Église, de ceux de la médecine ou du droit. « En huict iours Gaudichon cogneut que les médecins sont vrays bailleurs de paraboles, c’est à dire, de belles visées, siue de fadaises… Parquoy il délibera partir de Paris, pour aller, en une autre université estudier en droict.» Mais, avant de pousser au delà, il se souvint de trois grands cas advenus à Paris comme il y était. Le premier fut la guerre intestine des écoliers du collége Montagu, « laquelle, a esté mise en vers pour faire des illustrations de marmite.» Le second fut la querelle entre Pierre Ramus,