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bord les pucelles de Sotteville, les filles de Lessart, et les aimables godinettes d’Elbeuf.


Quelles sont gentiment coiffées,
Et mignonnement attiffées !
Toutes ont leurs plus beaux atours…
Au front de petites garcettes,
Et les cheveux par cadenettes,
Le bas tiré, le pied poupin,
Chaussé d’un luisant marroquin,
Le bavolet plein de dentelle, etc.


Après avoir décrit plusieurs curiosités de la foire, l’attention de Giles et de son ami Colas est captivée par un charlatan dit l’Homme de paille’, sans doute le précurseur de Paillasse. Son habit, ses drogues et ses chansons, faisaient en ce temps-là concurrence à l’illustre L’eusses-tu cru, celui qui montrait le portrait de la meilleure femme du monde. Il y avait encore le beau chanteur Pinot, le grand opérateur Barry, un arracheur de dents dont l’unique instrument était une large épée ; plus loin, des marionnettes, des loteries, des joueurs de boule, de gobelets, etc.

Les anciennes facéties devraient figurer dans toutes les bonnes collections de livres. Elles partagent avec les comédies le mérite de peindre les travers et les ridicules ; mieux que les pièces de théâtre, elles nous font connaître les plus humbles classes de la société. La servante, par exemple, qui sait ferrer la mule, donner à l’anse du panier un mouvement convenable, est encore la servante qui faisait ses délices des bons mots de Tabarin : fille active, excellente, impayable, si l’on veut bien lui passer un brin de vin, un brin d’amour et un brin de marché. Tabarin, sous ce rapport même, complète Molière. Que l’éditeur de toutes ces introuvables facéties ne se décourage pas ; qu’il nous donne bientôt d’autres livrets du même genre, et nous ne manquerons pas de lui exprimer de nouveau la reconnaissance des bibliophiles. Ces messieurs sont, en vérité, trop heureux qu’un aussi bon littérateur que M. Veinant se soit rencontré pour s’occuper avec zèle et désintéressement de leurs innocents plaisirs.

P. PARIS. -----