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Ny leurs escuz, ny leurs ducats…
Combien en voit-on de bas lieu
Placez maintenant au milieu
Des familles plus honorables ?…

Nous ne pouvons tout citer. Mais voilà un fait bien établi : les ouvriers vignerons de Bourgogne, s’ils ne gagnaient pas assez en hiver, avaient, l’été, de bonnes journées. La plupart retrouvaient chez eux, le soir, table, nappes et pot-au-feu ; ils envoyaient à l’école leurs enfants, qu’ils pouvaient, grâce à de fortes études, voir parvenir aux emplois de conseillers, baillis, avocats, et même capitaines. Et que conclure de ces révélations ? Que le sort des paysans, loin de s’être amélioré dans le 18e siècle était devenu plus misérable qu’auparavant. Moins de propreté, moins d’éducation, moins d’habitudes religieuses, moins de salaire, et par conséquent de bien-être. En 1789, la journée de vigneron était encore, en hiver, de sept ou huit sous, tandis que les prix de tous les objets de première nécessité avaient augmenté. Cette Journée est doublée aujourd’hui ; peut-être devrait-elle être triplée, si l’on voulait bien considérer que les vins soumis à d’énormes impôts, qui n’existaient pas alors, se vendent cependant trois fois plus cher que sous le grand roi Henri IV. Pour la faculté de s’élever indéfiniment, elle fut enlevée aux dernières classes de la société par les états généraux de 1614 ; elle fut rendue, de notre temps, aux dernières classes, et Louis XVI fut le premier à préparer ce retour à l’ordre éternel des sociétés régulières. Voilà certainement de grandes vérités que Louis de Charmoy nous permet de proclamer plus hautement que jamais.

Passons maintenant en Normandie, pour aller près de Rouen, au Tracas de la foire du Pré, où se voyent les amourettes, les tours de passe-passe, la blanque, l’intrigue des charlatans, le procès de l’Homme de paille, etc. Ce dialogue burlesque fut imprimé à Rouen, chez L. Maurry, sur le quay. Il n’est pas daté, mais on a dû le composer vers la fin du règne de Louis XII, après la bataille de Honecourt, et le procès des va-nu-pieds, en 1640, puisqu’il y est parlé des désordres de Caen et du refrain des lampons, qui datent de la perte de cette bataille. On arrive à la foire par Bonne nouvelle ; villageois et villageoise du pays de Sapience s’y pressent en foule ; d’a-