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n’empêche pas qu’il n’ait contribué à l’avancement des études historiques. Et sans doute il n’eût pas remis en lumière un aussi grand nombre de précieux documents, s’il avoit pris le temps de les publier avec plus d’exactitude.

Si non errasset fecerat ille minus.

Mais ici M. Buchon, malgré son calcul erroné, n’en a pas moins eu raison de suivre le sentiment de La Curne de Sainte-Palaye, sans égard au texte que je viens de citer ; et de conclure du rapprochement de dix autres endroits de son histoire et de ses poésies, que Froissart était né quatre années plus tard, c’est-à-dire vers 1337. Comme mes recherches se trouvent sur ce point en parfait accord avec celles de La Curne, de M. de Barante et de M. Kervyn de Lettenhove, le dernier biographe de notre auteur, je puis me dispenser de citer les preuves à l’appui d’une opinion qui n’est pas controversée.

À Valenciennes appartient l’honneur d’avoir vu naître Jehan Froissart, et cette belle et noble ville a payé la dette de sa reconnoissance en décorant de son image en pierre une de ses places publiques. Mais, chose singulière ! ce maître ou plutôt ce messire Jean Froissart, qui ne manque guère l’occasion de répéter qu’il est de Valenciennes, garde un silence absolu sur son père, sur sa mère, sur tous les membres de sa famille. Il est vrai qu’il mentionne avec une complaisance marquée la bravoure d’un certain moine Froissart, de l’abbaye de Saint-Amant, lequel au siege de cette ville par les Haynuyers fist merveille et en occict ou mehaigna, au-devant d’un pertuis où il se tenoit, plus de dix-huit, si que nul n’osoit entrer par le lieu qu’il gardoit. Mais il ne daigne pas nous apprendre si ce brave précurseur de Jean des Entomeures étoit ou non da sa parenté. Il nous parle aussi dans ses poësies, des jeux, des ébats et des études de son enfance, de ses voyages, de ses retours ; mais de père ou de mère pas un mot ; nous laissant ignorer ainsi s’il eut à se louer ou plaindre de ceux qui guidè-