Page:Paris, Paulin - Nouvelles recherches sur la vie de Froissart.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 25 —

3. Après une interruption de quelques années, il répondit aux vœux de Guy de Châtillon, comte de Blois, et conduisit le récit jusqu’en 1390.

4. Enfin, sous les auspices et avec les encouragements de Robert de Namur, seigneur de Beaumont, en Hainaut, il termina l’histoire des dernières années du quatorzième siècle, revit le texte dit manuscrit autrefois présenté à la reine d’Angleterre, le refit, en y ajoutant, d’après la Chronique de Jean le Bel, l’histoire des années 1326 à 1356, qu’il n’avoit pas jusqu’alors abordée.


Ainsi le premier livre des Chroniques, contenant aujourd’hui la seconde rédaction et la reproduction modifiée de Jean le Bel, est le moins ancien et le dernier travail de Jean Froissart. En même temps, on peut le regarder sinon comme le plus attrayant, au moins comme le plus exact et le plus complet des quatre livres.

Quelques mots encore avant de finir. Quand de nos jours on veut écrire l’histoire contemporaine, on n’a pas rigoureusement besoin de quitter son cabinet. Pour l’acquit d’une conscience ordinaire d’historien, il suffit de se munir de la collection du Moniteur universel, d’y joindre trois journaux de couleur différente, quelques pamphlets et notices nécrologiques. On a de cette manière à sa disposition l’art de vérifier toutes les dates et l’art d’écrire exactement tous les noms de lieux et de personnes ; on a, sur tous les hommes et sur toutes les choses, plusieurs opinions entre lesquelles il ne reste plus qu’à choisir la sienne, et l’histoire se trouve faite, pour ainsi dire, d’elle-même.

Mais messire Jean Froissart composa son histoire dans des conditions toutes différentes. Simple bourgeois d’une ville de Hainaut, il n’avoit pas d’archives à sa disposition, il n’avoit pas pour le guider la collection du Moniteur, des mémoires secrets ou des relations particulières. Il lui falloit tout tirer du trésor de sa mémoire, de ses enquêtes et reconnoissances