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demande d’une nouvelle transcription de son ouvrage. Il convenoit alors du prix, tant pour le texte, tant pour le vélin, tant pour les ornements. Et comme il ne s’écouloit pas d’année qu’on ne lui adressât de vive voix ou autrement des observations sur le degré plus ou moins grand d’exactitude de ses récits, il est naturel de penser qu’il faisoit son profit de ces observations, quand on exécutoit sous ses yeux un nouvel exemplaire. La leçon d’Amiens est assurément une de ces leçons particulières ; mais on n’en peut rien conclure pour sa date précise, bien que tout semble porter à croire que cette date soit postérieure à celle de la rédaction consacrée.

Il seroit assez inutile de chercher la preuve de ces envois successifs d’exemplaires ; elle se retrouve pourtant dans les Comptes de la maison du duc de Brabant, à Bruxelles, et du duc de Berry, frère de Charles V, à Bourges. Un autre de ces envois, qui n’arriva pas à sa destination, va nous arrêter un instant. En 1381, Louis, duc d’Anjou, alors régent de France pendant la minorité de Charles VI, fit saisir cinquante-six cahiers des Chroniques qu’on devoit adresser au roi d’Angleterre. Voici le texte du journal de Jean Lefèvre, évêque de Chartres, qui nous a révélé ce fait :


« Ledit jour (11 décembre 1381) furent scellées deux lettres doubles, faisant mention que Monseigneur le duc a fait prendre et retenir par devers lui, pour faire sa volonté, cinquante-six caiers que messire Jehan Froissart, prestre recteur de l’Église parrochiale de Lessines au Mont, près de Mons en Hainault, avoit fait escrire ; faisant mention de plusieurs et diverses batailles et besoignes en fait d’armes, faites au royaume de France, le temps passé. Lesquels cinquante-six caiers de romans ou croniques messire Jehan avoit envoyés pour enluminer à Guillaume de Bailly, enlumineur, et lesquels ledit messire Jehan propousoit envoyer au roy d’Angleterre, adversaire. »


Cela, dit le Labourner qui, le premier, dans son édition de