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barons d’Angleterre se plurent alors à le mieux informer des précédentes aventures ; la Reine surtout l’encourageoit à visiter les lieux que de récents faits d’armes recommandoient à son attention. C’est ainsi qu’il parcourut l’Écosse, qu’il visita les Douglas, les Bruce et les Melrose, et qu’il se prépara à nous entretenir plus tard des grandes familles et des principales villes de l’Écosse. De notre temps, Walter Scott s’étoit pris de passion pour notre historien françois ; et il a tant cité Froissart dans les notes de tous ses poèmes, qu’enfin il a donné aux François l’envie de le relire à leur tour. Sans Walter Scott il est probable que M. Buchon n’eût pas songé à préparer l’édition qui est encore, à l’instant on nous parlons, la seule qu’on puisse lire de la plus belle chronique du moyen âge[1].

Froissart, à peine de retour de ses voyages d’Écosse, prit congé de la reine et revint en France, mais avec la promesse du retour en Angleterre quand le second volume seroit en état d’être présenté à la même princesse. On étoit au mois de mars 1366. Froissart ne paroît pas avoir alors un instant songé à reprendre la vie tranquille de Valenciennes ; on peut seulement conjecturer qu’il s’arrêta quelques jours dans sa ville natale, par un compte de l’argentier du duc de Brabant, qui du moins atteste son passage à Bruxelles : « Six moutons à un Froissart, ditteur, attaché à la reine d’Angleterre. Uni Frissardo dictori, qui est cum regina Angliæ, sex multones. »

De Bruxelles on le suit peu de temps après à Bordeaux, dans l’hôtel du prince de Galles quand, à la tête d’une nombreuse armée, ce prince se disposoit à passer en Espagne. Froissart eut bien voulu l’accompagner, pour être témoin des faits d’armes qu’il devoit raconter plus tard ; le prince aima mieux le charger d’un message pour le roi son père, et le renvoyer en Angleterre

  1. Nous apprenons avec bonheur que l’édition préparée avec tant de soin par M. Léon Lacabane, directeur et professeur de l’École des chartes, doit être mise sous presse avant le fin de ce mois, et que le travail du savant éditeur est, au moment où nous l’écrivons, à la disposition de la Société de l’histoire de France.