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NOUVELLE ÉTUDE
SUR LA
CHANSON D’ANTIOCHE
À l’occasion d’une Thèse présentée en 1876 à la Faculté des lettres de Paris.
I

J’avais eu le bonheur, il y a trente ans, de distinguer au milieu des fabuleuses chansons de geste qui forment ce qu’on appelle le cycle du Chevalier au Cygne, une branche, qui semblait, à la différence des autres, ne rien devoir aux caprices de l’imagination ni au développement de la tradition consacrée. C’était l’histoire des pieux guerriers qui, sous la direction suprême de Godefroi de Bouillon, étaient partis de France, d’Allemagne et d’Italie, pour aller affranchir le Saint-Sépulcre du joug des infidèles. La chanson les suivait à Constantinople, à Nicée, à Tarse, à Antioche : elle ne les abandonnait que sur la route qui les rapprochait de Jérusalem, but de leur grande entreprise. Plus j’étudiai ce poëme, plus je fus frappé de son importance historique et littéraire. Je le publiai donc au mois de février 1848, sous le titre de Chanson d’Antioche, que lui avaient donné les contemporains de son auteur[1]. L’édition fut mise en vente précisément la veille des trois journées qui allaient effacer la renommée des trois journées de juillet 1830. L’auteur d’une thèse à laquelle je me vois contraint de répondre[2] veut bien dire que « cette publication excita dans le monde

  1. On a bien souvent cité les vers de Giraud de Cabrera, dans lesquels il reproche à un jongleur ignorant de ne pas même savoir cette chanson :

    D’Antiochia
    non sab che sia !

  2. Le Cycle de la Croisade et de la famille de Bouillon, thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris, par M. Pigeonneau, professeur au lycée Louis-le-Grand et à l’École libre des sciences politiques, 1877.