Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on s’accorderait à blâmer une précipitation aussi fâcheuse, aussi difficile à comprendre. Pourquoi donc n’exprimerions-nous pas aujourd’hui notre surprise des procédés de M. Camus ? Et remarquons-le bien, en agissant ainsi, l’ancien garde des archives n’avait pas réuni les nombreux motifs d’incrédulité qui dernièrement ont paru décisifs à M. Letronne : il ne songeait alors ni à Pierre de Montreuil ni à Charles d’Anjou ; autrement, il eût affirmé, comme vient de le faire notre savant confrère,

1° que ce n’était pas le cœur de saint Louis ;

2° qu’un examen approfondi confirmerait l’autorité de cette conviction préalable.

M. Camus, au contraire, déclare qu’il n’est pas convaincu ; cela lui suffit pour recommander à tout le monde de se taire, pour opérer la destruction de la première caisse et pour rendre l’objet découvert à la retraite dont le hasard l’avait fait sortir le 21 janvier 1803 (A).

Je ne rechercherai pas ce que la deuxième caisse elle-même serait devenue si, quelques années plus tôt, d’autres que MM. Terrasse et Touret avaient eu la première connaissance de son exhumation. J’aime mieux me hâter d’avouer qu’après tout, la conduite plus ou moins précipitée de M. Camus peut fort bien n’avoir pas aggravé les difficultés de la question qu’il s’agit de résoudre. J’admets que la première caisse ne présentait aucune inscription et que les fragments de la seconde étaient, en 1803, tels que nous les retrouvons en 1843. S’il en avait été autrement, M. Terrasse père ne l’eût pas souffert en silence, et le danger de perdre ses fonctions ne l’eût pas arrêté. Ainsi, nous nous bornerons à souhaiter que M. Terrasse fils, aujourd’hui chef de section aux archives du royaume, veuille bien réunir toutes les notes que son père paraît avoir laissées sur les circonstances de la première découverte.

Dans le travail que je vais soumettre au jugement de l’Académie, je me propose de démontrer :

Que le cœur de saint Louis a été précieusement embaumé par les soins de Philippe-le-Hardi ;

Qu’il n’avait pas été donné à Charles d’Anjou, roi de Naples ;

Qu’il n’a pas fait l’objet d’un échange entre la Sicile et la France ;