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n’offrent aucune apparence d’inscription. Qu’en voulez-vous conclure ? Que le cœur renfermé dans cette modeste et cependant triple enveloppe n’est pas celui de saint Louis ? Dites-nous alors à qui, dans le moyen âge, il fut donné d’obtenir la gloire, bien plus que la gloire, le bonheur de reposer en pareil lieu et sous la protection de semblables reliques ?

M. Letronne a répondu à cet appel, et, pour se débarrasser de la concordance de tant d’inductions naturelles et convaincantes, il a recours, avouons-le franchement, à la plus arbitraire des suppositions. Dans cette Chapelle de nos rois, ce n’est plus un roi de France, ou même un prince de la famille royale, dont le cœur aura pu naturellement recevoir pareille destination. C’est un intrus, un individu quelconque, l’architecte du monument peut-être, lequel, en mourant, aura pris soin de recommander à l’un de ses héritiers de pénétrer furtivement dans la Sainte-Chapelle, de déplacer le redoutable autel, de lever les dalles du sanctuaire, de pratiquer une ouverture dans l’étroit espace contigu à la voûte inférieure. Tout cela fait, l’héritier imperturbable aura glissé à cette place le cœur de l’ambitieux testateur. Voilà vraiment un singulier moyen de lever tous nos doutes sur la récente découverte ! on objecte que Pierre de Montreuil était mort quatre années avant saint Louis ; que son cœur n’a pu être mis à part secrètement, dans une intention de fraude ; qu’il n’a pu, dans l’espoir de mieux se recommander à la miséricorde divine, commander à ses héritiers de se rendre complice d’un énorme abus de confiance. À ces objections, que M. Letronne a prévues sans doute, il se contente de répondre, « que ce n’est là, après tout, qu’une conjecture qu’il est peut-être aussi difficile de prouver que de détruire, et qui d’ailleurs a fort peu d’intérêt. » À la bonne heure ; mais on nous permettra de ne pas conclure d’une pareille explication que le cœur de saint Louis ne puisse se trouver sous le maître autel de la Sainte-Chapelle.

Les recherches dont je viens de soumettre le résultat à l’Académie n’auront pas été vaines si l’on en tire la conséquence rigoureuse que le cœur de Louis IX a été conservé, qu’il a été rapporté en France, et que tout semble nous inviter à croire qu’il fut déposé dans la Sainte-Chapelle. Le rapport fait au ministre par notre savant confrère, directeur des archives du