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ce qu’il pouvait accomplir sans contrôle, eût, sans en faire l’occasion d’une cérémonie pompeuse, déposé lui-même ou fait déposer par ses chanoines le cœur de son père dans la place de sa chapelle royale la plus désirable pour un fervent chrétien. L’abbé de Saint-Denis qui pouvait, sans les approuver, connaître les intentions du feu roi, aurait alors évité de soulever des réclamations qui risquaient d’être mal accueillies. Et c’est pour ne pas donner trop de force à un pareil précédent qu’il aurait voulu plus tard (en 1285) résister aux prétentions des Jacobins sur le cœur de Philippe-le-Hardi.

Ajoutons une autre circonstance : saint Louis avait fait deux testaments ; le dernier seul, dans lequel il ne parle pas de sa sépulture, nous a été conservé. Geoffroi de Beaulieu qui cite fréquemment le premier, nous apprend que saint Louis y recommandait de ne faire aucune dépense pour son inhumation. Il l’écrivit avant de partir pour la première croisade et dans le temps qu’il faisait consacrer la Sainte-Chapelle par l’évêque de Tusculum. Peut-être retrouvera-t-on ce précieux document dont la perte est véritablement inexplicable, puisqu’il existait encore à l’époque où fut publié le livre de Geoffroi de Beaulieu. Peut-être y lira-t-on la disposition relative au dépôt de son cœur dans la Sainte-Chapelle, et tous les doutes seront alors nettement levés aux yeux de tout le monde.

Mais, toute plausible qu’elle puisse paraître, l’hypothèse que je viens de proposer ne me satisfait pas complètement, elle laisse subsister une difficulté. Comment, à l’époque de la canonisation, le cœur ne fut-il pas élevé de terre comme les autres reliques du saint roi ? J’ose espérer qu’une seconde explication semblera plus admissible encore et plus inattaquable.

Il faut se reporter à l’endroit de la Sainte-Chapelle dans lequel la caisse a été trouvée. La voûte de la crypte ou chapelle inférieure n’est, comme je l’ai dit, séparée du pavé de l’autel supérieur que par un appareil de maçonnerie fort mince. C’est au milieu de cet appareil qu’une place avait été ménagée pour le cœur qu’on vient de retrouver, et l’on ne peut s’empêcher de croire qu’on avait dû prévenir à l’avance le danger évident de cette excavation. Il en faut donc conclure que la place dut être disposée par l’ordre et sous les yeux de saint Louis, et je crois avoir le droit d’avancer qu’en achetant les premières re-