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Voici notre réponse à M. Letronne :

1° Cette assertion n’est pas isolée.

2° Ce moine anonyme était de l’abbaye de Saint-Denis, et pour éclaircir un point controversé de notre histoire, cela n’est pas indifférent.

3° L’époque où ce moine écrivait n’est pas aussi incertaine qu’on le dit. À la manière dont il parle du fils du roi, « Dominus Philippus qui et ei, favente Deo, successit in regno, » on peut conjecturer hardiment qu’il écrivait dans les dernières années du XIIIe siècle, ou bien au commencement du XIVe.

4° Son témoignage positivement exprimé doit avoir au moins la force du témoignage non exprimé de Guillaume de Nangis.

Voici déjà deux autorités positives contre Geoffroi de Beaulieu. J’en vais citer une troisième non moins grave : elle est fournie par un ancien manuscrit de la Bibliothèque du roi, qui contient, entre autres morceaux, une chronique française inédite que je recommande à MM. les membres de la commission des Historiens de France. Cette chronique s’arrête avec l’année 1300, c’est-à-dire au temps même où l’auteur écrivait ; ses dernières phrases vont nous en donner la preuve : « Li rois Philippes fist tant que li contes Guis de Flandres et ses enfans viendrent à merci, et furent mis en prison. Et jaçoit que li rois Phelippes soit digne de louanges, pour ce que l’escripture nous enseigne que l’on ne loue nullui en sa vie, nous nous tairons atant de luy et de la royne et de leurs enfans, et prierons nostre Seigneur que il leur donne bonne vie et longue en leur royaume. »

Ce chroniqueur parle ainsi des obsèques de saint Louis nouvellement canonisé : « Li sains rois trespassa desoubs Cartaige… et furent les os et li cuers aportés (K) en l’eglise monseigneur Saint-Denis en France où notre sire a fait maint miracle et fait encore. (Suppl. fr., n° 107, f° 102.) »

Ce n’est pas à titre de nouveau témoignage que nous citerons maintenant le texte des chroniques renfermées dans le m. 830…[illisible]. Il n’offre guère, en effet, que la traduction de Nangis. Mais, par l’orthographe du mot français qui répond au latin intestina, il nous permet de mieux reconnaître le motif du dépôt fait à Montréal : « Sitost que li rois de Secile vit son frère definé, il se mist à genoilz et recommanda son ame à nostre Seigneur, en priant qu’il eust pitié de l’ame à lui, et se prist à plourer.