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quasi momento eodem. Nangis, bien moins ami du merveilleux, se contente de dire : « Illo die quo Ludovicus rex migravit a seculo, vel eadem hora, ut quidam referunt, quâ spiritum exhalavit (H). » Puis, passant aux détails de l’embaumement : « Clientes vero et aulici et ministri quibus hoc incumbebat officium, corpus regis membratim dividentes, aquæ vinique admixtione tamdiu decoxerunt, quousque ossa pura et candida à carne, quasi sponte, evelli potuissent. » Nous voilà bien loin de la copie servile de Geoffroi de Beaulieu. Voyons maintenant la traduction française : « Lors commanda que le corps fust apresté et conroié et oint de précieux oignemens. Ceuls à qui il fu commandé le cuirent et appareillèrent si comme l’en devoit faire. Quant il fu cuit et conroyé, li rois Charles demanda les entrailles à monseigneur Philippe, son neveu, si les fist porter comme saintes reliques en Secile et les fist mettre en un abbaye qui est apelée Montroyal. » (Hist. de Fr., t. XX, p. 467.)

Je me suis vu forcé d’appuyer beaucoup sur ce qu’il faut penser du silence de Guillaume de Nangis ; car le prodigieux talent de notre confrère, l’art avec lequel il sait ménager des inductions et leur donner en les groupant une force inattendue, ne me laisse pas la liberté de lui en passer une seule. À diverses reprises, M. Letronne affirme que l’opinion contraire à celle qu’il défend « ne peut prévaloir contre les témoignages parfaitement éclairés de Geoffroi de Beaulieu et de Guillaume de Nangis. » N’est-ce pas une grande hardiesse de transformer en témoignage l’absence de tout témoignage ? Dans un autre endroit, il dit que les paroles de Geoffroi de Beaulieu ne sont combattues que par une assertion tout-à-fait unique, et qu’elle est corroborée par deux témoignages contemporains. Or, ces derniers sont toujours le traducteur du XVe siècle et le silencieux Nangis.

Prouvons maintenant que l’assertion contraire au sens du passage de Geoffroi de Beaulieu n’est pas tout-à-fait unique, comme l’a cru notre confrère. Lui-même, en effet, ne peut s’empêcher d’admettre deux autorités contradictoires (I), celle de Thibaud VII, roi de Navarre, et celle du moine anonyme de Saint-Denis.

Quant à l’autorité du roi de Navarre, « il est vrai, » dit M. Le-