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tré vivement la nécessité de terminer une guerre fatale, il n’eut pas de peine à persuader à Philippe que le premier de ses devoirs était de revenir dans ses États. Alors il fut décidé que le corps de Louis ne serait pas immédiatement renvoyé à Saint-Denis. On supprima les lettres écrites et scellées ; on retarda de quatre jours le départ de Geoffroi et de Guillaume, chargés maintenant, non plus de conduire en France les restes de Louis IX, mais seulement d’y porter la nouvelle de la perte que la patrie venait de faire, et de parcourir les provinces pour solliciter les prières du peuple en faveur du roi défunt.

Si la mort eût frappé le roi de France en terre chrétienne, on aurait certainement commencé par déposer les entrailles et même les chairs du prince dans la cathédrale la plus voisine. Voilà pourquoi Charles d’Anjou proposa de transporter tout ce qu’on ne pouvait préserver de la corruption sur la côte de Sicile, c’est-à-dire vers la région chrétienne la moins éloignée. À quatre milles de Palerme, il y avait une abbaye décorée du titre de cathédrale ; c’est là que furent envoyées les entrailles du roi de France ; et l’on peut assurer que Charles d’Anjou n’eut pas besoin de recourir aux prières pour décider Philippe à prendre un arrangement aussi convenable. Mais on n’en pressa pas moins le départ des religieux : pour ce dernier fait, nous n’avons pas besoin du témoignage de Geoffroi de Beaulieu ; les lettres de Philippe à l’abbé de Saint-Denis et les réponses de celui-ci justifient suffisamment le voyage de Geoffroi et la double mission qu’on lui avait confiée.

Il faut maintenant rapporter le récit transmis sous son nom : Ossa sacra corporis ejus, ex voluntate domini regis Philippi, debuimus nos et quidam alii ad hoc electi statim post obitum in Francia reportare : … Sed postea, habito cum rege Siciliæ consilio ut credimus saniori, retinuit secum sacras reliquias dominus rex Philippus, confidens quod ex meritis sancti patris Dominus in bonum promoveret exercitum et ab infortuniis conservaret.

» Tamen carnes corporis ejus excoctas et ab ossibus separatas, nec non cor[1] et intestina ipsius petiit et impetravit

  1. On ne peut s’empêcher de remarquer ici que la phrase serait bien plus latine s’il y avait seulement, comme dans Guillaume de Nangis, nec non et