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trouvée ; elle n’a donc pas été rédigée par Geoffroi de Beaulieu ; elle a donc été ajoutée à son œuvre (F).

Dans les quatre derniers chapitres on parle encore des os sacro-saints et des reliques sacrées. Enfin on mentionne le recueil des miracles dressé par l’abbé de Saint-Denis : « Ex mandato domini abbatis S. Dyonisii fideliter sunt conscripta, et prout dicitur, diligenter probata. » Mais il est certain que l’enquête faite à l’abbaye de Saint-Denis fut seulement commencée au mois de mai 1282, et que la liste des miracles ne fut publiée qu’à la fin du mois de mars suivant. Il y avait longtemps alors que Geoffroi de Beaulieu n’existait plus (G).

Cette discussion de textes n’est pas sans importance ; comment, en effet, apprécier l’authenticité d’un témoignage historique, si l’on ne sait pas la date précise du témoignage, la position de l’auteur et les circonstances qui peuvent avoir exercé de l’influence sur l’expression de sa pensée ? Il m’en coûtera peu maintenant d’avouer que les paroles dont on se prévaut ont encore une certaine autorité, bien qu’on ne puisse les attribuer à Geoffroi de Beaulieu. Elles expriment une opinion à peu près contemporaine ; et (si elles se retrouvent dans le manuscrit du Vatican, comme dans celui de la Bibliothèque du roi,) elles nous prouvent que vers 1290, époque présumée de la publication du livre des deux confesseurs, des personnes graves pouvaient ignorer ce qu’était devenu le cœur de saint Louis, ou croire qu’il était demeuré en Sicile.

Quand Louis IX eut cessé de vivre, la première pensée des croisés n’avait pas été de revenir en Occident : tout semblait faire une loi de continuer la sainte expédition. En conséquence, on avait d’abord chargé plusieurs religieux, parmi lesquels se trouvait Geoffroi de Beaulieu, de ramener en France la dépouille mortelle de Louis IX. Car il n’était pas encore question de corps saint, de reliques sacrées et miraculeuses. C’étaient les restes d’un roi de France qu’il s’agissait de transporter à l’abbaye de Saint-Denis.

Le départ du convoi royal avait été fixé au 8 septembre ; les lettres qu’ils devaient remettre aux régents du royaume étaient déjà faites et scellées du nouveau scel de Philippe III. Mais Charles d’Anjou ayant, dans ces entrefaites, remon-