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moines de Saint-Jacques et Louis souhaitant pour le sien une place dans la Sainte-Chapelle.

Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, mourut en Italie, dans la petite ville de Corneto, peu de jours après le roi de Navarre. On ensevelit ses entrailles à Corneto, ses os furent transportés à Saint-Denis, et son cœur fut déposé près de la tombe de sa mère, la reine Blanche, dans l’abbaye de Maubuisson.

Tous les enfants de Blanche de Castille aimaient les Jacobins de Paris. Ce fut dans leur église que l’on déposa le cœur de Pierre, comte d’Alençon, autre frère de saint Louis ; il était cependant mort à Salerne, et ses entrailles, chose remarquable, avaient été déposées à Montréal. « J’eslis, » dit-il dans son testament, « la sépulture de mon orde charogne aux Cordeliers, et celle de mon maulvais cuer aux frères prescheurs de Paris. Veulx que la tombe qui sera sur mon corps ne soit pas de plus grande despense que de cinquante livres, et celle de mon cuer de trente. » Ces détails ne sont pas indifférents quand il s’agit de trancher une question historique de la nature de celle qui nous occupe.

Je citerai encore l’exemple de Charles d’Anjou lui-même. Ce prince mourut à Foggia en 1285 : ses entrailles furent laissées dans la grande église de cette ville ; son corps fut déposé dans la cathédrale de Naples et son cœur fut transporté en France dans le couvent des Jacobins, comme nous l’apprennent tous les historiens contemporains, à l’exception pourtant de Guillaume de Nangis et des Chroniques de Saint-Denis.

Enfin, ainsi que nous le verrons plus loin, le cœur de Philippe-le-Hardi fut également donné aux moines de Saint-Jacques, et comme si toutes les circonstances des obsèques du successeur de saint Louis étaient destinées à fortifier notre thèse, on n’a jamais su depuis en quelle place de l’église le cœur avait été enfoui. Peut-être si l’on avait cherché sous l’autel l’y aurait-on découvert, et peut-être encore aujourd’hui pourrait-on creuser utilement à la place que j’indique.

On voit, d’après tant d’exemples, qu’il m’eût encore été facile de multiplier, que l’on avait dû conserver séparément le cœur de Louis IX. Le silence même des historiens ne suffirait pas pour