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LES CHANSONS DE GESTE.


DISCOURS D’OUVERTURE

DU COURS DE LANGUE ET DE LITTÉRATURE AU MOYEN ÂGE AU COLLÉGE DE FRANCE[1].

Messieurs,

Je reprendrai, cette année, un sujet que j’avois légèrement effleuré il y a sept ans, lorsqu’au début de ce nouvel enseignement je crus devoir passer en revue tous les ouvrages dont se composoit l’ensemble de la littérature françoise, pendant les siècles littéraires du Moyen âge. L’année dernière, plusieurs d’entre vous s’en souviennent, nous achevions des études commencées en 1856, sur les Historiens des Croisades. Nous passions en revue des récits et des événements qui remplissoient deux siècles, regardés avec raison comme l’époque la plus brillante de la chevalerie françoise. Plus nous avons eu l’occasion de rapprocher les récits contemporains des appréciations de la critique moderne, mieux nous avons senti l’intérêt, l’importance et la grandeur de ces expéditions lointaines. L’histoire des Croisades est, à proprement parler, l’histoire du xiie siècle et du xiiie.

Nous allons maintenant remonter plus haut, pour étudier l’état de la société françoise sous les derniers rois de la seconde race. Nos grands poëmes, désignés sous le nom de Chansons de geste, sont la plus juste et la plus complète ex-

  1. Prononcé le 6 décembre 1858.