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ordre de devoirs que j’ai toujours religieusement remplis, et cela, grâce à Dieu, m’élèverait au-dessus de tous les genres de calomnie. Mais, pour revenir à M. Génin, ne va-t-il pas rechercher dans son portefeuille trois lettres que je lui avais adressées, l’une au commencement de la révolution de février, les deux autres en mai 1850 ? Qu’avait cela de commun avec Théroulde et Calixte II ! J’avoue pourtant que ces lettres ne m’ont pas déplu, qu’elles ne m’ont pas semblé trop mal pensées, et que j’ai volontiers saisi l’occasion qu’on me donnait de les relire. Quand j’écrivis la première, je croyais que le Ministre, et par conséquent M. Génin, me conserveraient la petite annuité que l’on m’avait accordée l’année précédente pour continuer l’impression de mon cher Catalogue raisonné des Manuscrits français. Ai-je besoin d’ajouter que, sans l’aide du gouvernement, un pareil ouvrage eût absorbé en peu d’années les minces ressources dont je pouvais disposer, et qu’en demandant un peu d’aide pour le poursuivre, je n’avais d’autre but que l’intérêt de la Bibliothèque nationale ? Voilà pourquoi, me souvenant du prix que M. Génin attachait autrefois à la continuation de ce livre, je me figurais lui devoir le maintien de la souscription ministérielle. Or je m’étais trompé, et mes remerciements avaient frappé à vide. Il était donc au moins inutile de rappeler les circonstances de ce malentendu.

Les deux autres lettres se comprennent d’elles-mêmes. M. Génin demandait un volume dont je m’étais moi-même auparavant servi. Ce volume ne se retrouvait pas, et j’en avais toutes les inquiétudes du monde. Je crus de voir faire part de ma situation à M. Génin ; je le fis avec une franchise dont j’aime à relire les expressions. Puis, la lettre à peine envoyée, le manuscrit fut retrouvé sous la table d’un de nos bons travailleurs, ami particulier de M. Génin. De là ma troisième lettre.

Mais ce qu’il m’importe de remarquer ici, c’est la confiance de M. Génin dans mon caractère. Sans doute, il m’a donné par son exemple la permission de revoir également notre ancienne et longue correspondance, et d’en tirer les lettres qui pourraient sembler aujourd’hui agressives et piquantes. À Dieu ne plaise que j’use d’une pareille faculté ! M. Génin m’a bien jugé : je ne l’imiterai pas. Publier à deux, trois, quatre années de date, une lettre écrite dans la conviction de la loyauté et de la discrétion de celui auquel on l’avait adressée, c’est une action que je ne qualifierai