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d’exemple mémorable du danger de toucher à la gloire d’un homme tel que M. Génin ? En vérité, la fable de l’Homme et la puce serait d’une application frappante, si M. Génin n’avait pas (comme je l’ai remarqué dans mon premier article) la réputation d’un homme d’esprit.

Un sot par une puce eut l’épaule mordue,
Dans les plis de ses draps elle alla se loger :
Hercule, ce dit-il, tu devrais bien purger
La terre de cette hydre au printemps revenue.
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n’en perdes la race, afin de me venger ?

Eh quoi ! l’homme de la polémique hargneuse, implacable et passionnée, le coryphée de l’invective ne peut-il une fois tolérer la juste sévérité de la critique à son égard ! Tout ce bruit pour la piqûre d’un moucheron ! Ô vous tous qu’il a tant outragés, poëtes, orateurs et professeurs, écrivains sacrés et profanes, politiques et philosophiques ; venez voir M. Génin, protestant à la face du monde contre l’audacieux qui met au jour ses emprunts et ses méprises littéraires :

Contemplez de Sylla l’abaissement auguste !

Qu’il en appelle donc à l’univers ; mais au moins qu’il laisse en paix l’Institut, avec lequel ni son édition ni le jugement que j’en ai porté n’ont rien à faire. Est-ce que tous les auteurs de mauvais livres jugés dans le Journal des Savants ont eu jamais la singulière pensée de demander vengeance à l’Institut de la justice qu’on leur avait faite ? Est-ce qu’ils ont parlé d’assassinat, de fer sacré, d’ignoble tirelire, etc., etc. ? M. Génin fera donc bien de se calmer, ou, pour se venger convenablement, de tirer enfin un bon livre de son propre fonds ; il en est très-capable, et nous serons les premiers à l’en féliciter.

Mais le désespoir d’avoir été censuré l’a conduit à bien d’autres excès. Au lieu de voir le motif de mes observations dans les paroles agressives de sa préface, et dans le nombre considérable de ses méprises, il veut que je l’aie attaqué seulement parce qu’étant Chef de division, il avait dans ses attributions ministérielles les bibliothèques. De telles inductions sont bien misérables, et la vérité, c’est que j’ai donné mon avis quoique, non parce que. Comme bibliothécaire, je suis soumis à un certain