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des autres. Et quelle singulière manière de définir la position des premiers éditeurs à son égard ! « Leur procédé, dit-il, est exactement celui de certains oiseaux, incapables de se construire un nid pour eux-mêmes, et qui s’emparent des nids abandonnés par les autres, s’y installent, et y élèvent leur couvée ?  » (Page 5.) Ces oiseaux, qui sont-ils ? demanderez-vous ; les Génin ? — Non, reprend M. Génin, ce sont les Bourdillon, les Lécluse, les Wey, les Coussemacker et les Michel. À la bonne heure !

Autre démonstration adorable de sa bienveillance naturelle, et de ses excellents procédés : « Une preuve manifeste de ma discrétion, dit-il, c’est que dans mon Index ne figurent, par exception, ni le nom de M. Francisque Michel ni celui de M. Paulin Paris ; les renvois ne pouvant leur être agréables. » Cela est à la page 6, écrit comme je le dis, et je défie de trouver mieux dans Escobar ou Caramuel. Ainsi, que M. Génin nous gourmande, nous invective et nous redresse, comme il sait faire, dans tout le courant de son livre, cela n’a pas la moindre importance ; la bonté, la véritable tendresse consistent à retirer notre nom de l’index, parce que cet index, en nous révélant la place des injures, pouvait nous causer quelque peine. Ah ! mon Dieu, l’excellent homme ! Je propose d’ajouter à sa première devise : Cacher les bienfaits reçus, les mots : Et la trace des injures portées. La devise surmonterait un bel écartelé héraldique, formé des armes dont il a fait un si bel usage contre nous : Les Verges, le Rudiment, la Férule et « le Bonnet autre que celui de docteur. »

Enfin, à la dixième page, M. Génin entreprend la justification des fautes qu’on lui a reprochées : c’est d’abord, l’attribution du livre de Turpin à Calixte II. Selon lui, Calixte avait pu commettre une pareille fraude, puisqu’un saint évêque l’avait bien accusé de réclamer avec de faux titres la direction spirituelle non pas du comté de Salmorenc (M. Génin voit partout des comtes et des comtés), mais du pagus Salmoriensis, qui, suivant M. Guérard, doit avoir eu pour point central la ville de Voiron, à cinq lieues de Grenoble. L’argument, on en conviendra, n’est pas décisif ; d’autant mieux que Calixte, alors archevêque de Vienne, s’était empressé de renoncer à ses prétentions, quand la fausseté des titres lui avait été démontrée. Et comment cela prouverait que Calixte II, mort en 1124 ou 1126, eût pris pour son compère Geoffroi du Vigeois, qui ne faisait que de naître quand le pontife