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et celui de Lyon, avec le couplet qui précède les reproches d’Olivier :

Et les compaignes de Sarrazins sont granz
De la grant traïson que i fist Agolans.

Il n’y a donc rien de singulier dans le hasard d’une conformité chimérique.

M. Génin assure que le Roland rajeuni ne dit pas que l’oriflamme fût dans le principe consacrée à saint Pierre et qu’elle eût changé son nom de Romaine en celui de Montjoie à Roncevaux (p. cxiii). On ne trouve pas non plus cela dans la leçon d’Oxford, mais que l’oriflamme ou étendard de Saint-Pierre s’appelait autrefois Romaine, et que les Français, en l’adoptant, avaient changé le premier nom en celui de Montjoie :

Gefreid d’Anjou portet l’orieflambe,
Saint Piere fut, si aveit num Romaine,
Mais de Munjoie iloec out pris eschange.

Traduction de M. Génin

Geoffroy d’Anjou leur porte l’oriflamme,
C’étoit du temps passé l’estendart de saint Pierre ;
Qui pour lors avoit nom Romaine.
Mais illec le changea pour celui de Monjoie.


Il est inutile de faire remarquer que illec n’appartient pas à la langue du seizième siècle plus qu’à la nôtre, que pour lors et du temps passé sont des chevilles, et qu’il ne fallait pas ajouter une autre cheville à l’ancien vers, comme a fait M. Génin, pour le seul plaisir de rompre la mesure :

Gefreid d’Anjou lor portet l’orieflambe.


Mais puisque j’ai touché ce mot oriflamme, je le poursuivrai au travers des notes de M. Génin. Dans les anciens manuscrits, le t de Montjoie disparaît souvent comme dans la prononciation. Il en est de même de Monglane, Monmorency, Monferrant, etc., etc. M. Génin ne va-t-il pas en conclure que Monjoie doit répondre à ma joie, et Montjoie à montagne ? que, pour le premier sens, ma joie devait être la même chose que mon joyau, et mon joyau le synonyme de Joyeuse, épée de Charlemagne ?

Ainsi les Français, voulant que leur oriflamme portât le nom