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posée des endroits absents ou corrompus, glossaire, index, rien n’y manque. Par conséquent, il était impossible qu’un nouvel éditeur ne tirât pas le plus grand parti de cette première lecture, de ces premiers commentaires, de ce premier glossaire ; et l’on devait s’attendre à voir M. Génin rendre un sincère hommage au guide qu’il avait suivi et qui d’avance avait écarté de la route les plus embarrassantes épines. Le croirait-on cependant ? ni dans le titre ni dans l’introduction, M. Génin n’a rappelé le travail antérieur qu’il s’est contenté de mal reproduire. Il y a plus, et nous devons tous le regarder comme le premier éditeur de la Chanson de Roncevaux. Écoutons plutôt :

« Désormais, on ne reprochera plus à la littérature française de manquer d’une épopée. Voilà le Roland de Théroulde ; et si la France a si longtemps attendu à la montrer aux autres nations, c’est qu’il a fallu, pour la retrouver, fouiller plus profondément. J’avoue que cette épopée ne paraîtra pas brillante et polie, comme celle du Tasse ou de l’Arioste ; mais la rouille vénérable dont elle est couverte n’empêchera pas d’en apprécier toute la valeur. Cependant la vétusté n’est pas une recommandation qui puisse tenir lieu de toutes les autres. On a exhumé de la poudre des bibliothèques des compositions du douzième ou du treizième siècle, qui, annoncées pompeusement sous le titre de grandes épopées, n’ont point justifié par leur mérite l’enthousiasme de leurs parrains ; l’illusion qu’on avait voulu produire n’a pas duré longtemps, et l’intelligence du public a bien vite sondé la véritable valeur de l’œuvre sous la couche d’archaïsme qui semblait la protéger. C’est cette perspicacité qui me rassure pour la fortune du poëme de Théroulde. » (Introduction, pag. vi.)

Si M. François Génin eût compté la première édition pour quelque chose, il aurait trouvé de suffisants motifs de sécurité, non dans la sévérité du public intelligent à l’égard des fausses épopées, mais dans l’accueil fait précédemment à la Chanson de Roncevaux elle-même. Pour mieux se défendre d’en avoir jamais entendu parler, ne va-t-il pas jusqu’à dire : « Le Roland diffère essentiellement de tous les poëmes du moyen âge publiés jusqu’à ce jour. » M. Génin serait donc le premier, l’unique parrain de Roland ; seul il aurait révélé cette épopée à la France ! Or, un tel procédé n’est pas celui d’un galant homme. Nous irons plus loin : le texte d’Oxford, rapporté par M. Michel