mari brutal, les galants empressés et assiégeants. Émile Augier suit son instinctive inclination. Il nous intéresse moins à la femme qu’à la mère ; il concentre l’intrigue autour des enfants, c’est-à-dire qu’en un sujet si différent de ceux qu’il préfère, c’est encore le bonheur et l’avenir de la famille disloquée qui dominent, hauts sur l’horizon. Et finalement, à la place d’une liaison irrégulière, deux ménages se fondent et se confondent, destinés à mener de compagnie une existence tranquille et honorée, dans le recueillement des montagnes et l’attente du petit Daniel, que berceront tout à l’heure le ranz rustique et le carillon des clochettes. Et donc, un problème tout actuel et grondant de morale sociale, mis à la scène avec de minutieuses précautions, agrémenté d’une fraîche idylle, se résout ainsi dans 1 intimité souriante du cercle de famille.
Émile Augier est là tout entier, avec sa dextérité simple et atténuée. Il ne serait pas malaisé de faire voir combien le sujet des Fourchambault fournissait la matière du drame le plus moderne ; qu’il n’était pas, en son originelle conception, sans analogie avec le Fils Naturel ; que notre auteur Ta traité avec les mômes ménagements, et qu’où il semble céder à l’influence d’autrui, il se ressaisit au contraire tout entier, et donne l’exacte mesure de sa pensée et de son talent. Attentif plus que soumis aux tendances voisines, il a composé une œuvre assez variée, mais dont la saine philosophie, la poésie domestique constituent l’intime unité.
Son œuvre est une, parce que dès la première comédie et jusqu’à la dernière, elle est consacrée à exalter la commune droiture et l’honnêteté bourgeoise. Chacun de ses ouvrages est l’étude d’un des ferments qui désorganisent la famille Mais elle est complexe, parce que tantôt il a surtout prodigué sa robuste et poétique fantaisie (la Ciguës l’Aventurière y la Pierre de Touche, Philiherte, le Post-ScApium), là surtout mis