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ÉMILE AUGIER

carrière des étapes et des temps d’arrêt. Il s’agit de Diane du Mariage d’Olympe, de Madame Caverlet. Elles sont aussi plus militantes. L’auteur n’y a pas seulement mis en œuvre ses propres idées ; mais il parait qu’il s’est alors engagé à fond contre certaines théories littéraires ou dramatiques. On dirait même que par deux fois l’ardeur de la polémique a forcé son talent, habituellement plus sobre et mesuré. Pour comprendre Diane, il convient de se rappeler les mordantes critiques dont Gabrielle fut l’objet. Le camp romantique fit d’abord des gorges chaudes de cette pièce de bon sens, dont il était à craindre qu’elle ne fit école. Puis on cessa de rire. C’était la déchéance de toute poésie que l’avènement d’une poésie embourgeoisée. On n’était nullement disposé à tenir pour lyriques les glouglous du pot-au-feu. Scribe avait excité les courages ; après Gabrielle, on n’y tenait plus. M. Vacquerie a écrit là-dessus quelques pages bellement indignées, où il accuse Émile Augier de « caresser les bas instincts de la foule, et d’ajouter la raillerie comme une pointe de plus aux clous dont le monde crucifie les grands cœurs martyrs[1]. » L’image est contestable, mais l’attaque était fournie d’une main habile. Émile Augier y fut sensible. Comme on l’accusait d’avoir refait Scribe, j’imagine quUl prétendit montrer qu’il n’était pas moins capable de réparer Victor Hugo. Après Une Chaîne, Marion Delorme. Et il faut reconnaître que le pastiche est médiocre, et que l’écrivain y a mis plus de malice que de naturel. C’est comme une parodie critique, où l’auteur, pour faire pièce à son devancier, s’est ingénié, en dépit ou plutôt à cause de l’analogie du sujet, à ne rassembler que des gens vertueux et à magnifier la morale. Richelieu

  1. Profils et Grimaces p. 85. C’est d’ailleurs un feuilleton verveux et plein d’esprit. Certaines remarques sur la pièce portent. Mais quel courroux !

    …Genus irritabile vatum.