éprouve pour cette brillante période dramatique se mêle je ne sais quelle inquiétude, qui devient une angoisse. A mesure qu’on suit le développement continu de ces œuvres, on est moins rassuré sur les tendances d’un art assez excellent et de la société qu’il reflète. Certes, la moitié du siècle qui a fait paraître au jour les ouvrages étudiés en ce volume, est plus que la moitié d’un grand siècle dramatique. Considérable est la production de ces maîtres. Encore une fois, je les trouve grands.
Ils ont peint à larges traits la fin d’un monde, le triomphe et la décadence d’un autre. Celui qui, dans quelque cinquante années, entreprendra d’écrire l’histoire de l’aristocratie et de la bourgeoisie, et de définir l’état de la société française après 1850, devra leur emprunter des documents irrécusables. Là est, si je ne m’abuse, la substantielle originalité de la comédie contemporaine. Elle a surveillé, noté, écrit en haut relief l’action des mœurs et la dépression des caractères. Monsieur Alphonse n’est pas seulement un type ; il est partie intégrale et inséparable de l’époque où il est né ; il est le type de cette époque en mouvement, fixé par l’écrivain juste à propos, ni trop tôt, ni trop tard. Plus tôt, incompris ; plus tard, novice. Il est d’une vérité rayonnante et instantanée. Il est encore un ferment, qui poursuit son travail de désorganisation morale et sociale. Tels, Vernouillet, d’Estrigaud, Suzanne Pommeau, ou la femme de Claude. Ces semences, qui ont germé sur un