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LE THÉÂTRE D’HIER.

un accident d’usine, un discours du conseil municipal, une scène de ménage, la débauche en haut, l’orgie en bas, tue-la, ne la tue pas, la folie, la mort, j’en oublie. C’était bien la peine de bafouer le mélodrame ! Ici les coups de théâtre se suivent comme des coups de tonnerre. Il est vrai qu’ils sont communément annoncés par un monologue. C’était bien la peine de décrier Scribe, pour lui emprunter ce procédé classique et rudimentaire ! Après le monologue, les imprécations : l’ombre de Camille rôde sur la scène. Puis, les sermons, les discussions en trois points sur la Révolution, la guerre civile, la vertu des femmes, etc… Corneille, moins moral, plus fin de siècle. El puis, la démence d’Oreste, ou mieux le delirium de Coupeau. Tout est dans tout, et le reste dans Michel Pauper.

Ceci est la première manière de M. Becque : il en a une autre, un peu différente. Il trouve jour, avec des pièces où la matière est abondante, et la somme des observations aussi riche que chez plus d’un maître, à laisser une double impression de longueurs et de vide. Il est concentré, et il semble dispersé. Il se remâche. Le premier acte est parfois excellent ; les autres suivent, et ne lui ressemblent pas, — ou plutôt lui ressemblent trop. La Navette est un chef-d’œuvre, parce qu’elle est une œuvre courte, et que la même scène répétée par Arthur et par Alfred n’en est que plus piquante. Mais la Parisienne qui est la Navette transposée et développée, se traîne, dès le second acte, péniblement. C’est une chaîne sans fin, une alternance sans dénouement. Le mari entre, s’installe, parle de ses affaires, et sort ; l’amant parait, s’assied, cause de son amour, et va diner ; il revient, n’a pas dîné, cause de son amour… Il était un petit navire. Mais le mari rentre, parle de ses affaires… Bourdon, Teissier, Teissier, Bourdon, les terrains et la fabrique, la fabrique et les terrains, tout