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XXXIV
INTRODUCTION.

sur les vérités prises à contre-sens par elle, il a emprunté à la philosophie positive quelques-uns de ses procédés. Tellement, que Frédéric-Thomas Graindorge a du premier coup reconnu son homme, et salué l’adepte de la méthode analytique. De Ryons, Olivier de Jalin ne sont pas tant des sauveurs, que des éclaireurs d’âmes, à la façon de Taine. Et chacun sait que ces morales vivisections ne souffrent ni les surprises du cœur ni l’aveuglement de la sensibilité. Il est allé plus loin encore. Il a versé le réalisme dans le creuset du chimiste. Il a sondé les reins, pesé les foies. Par instants, il a presque pensé que la passion est un précipité, dont il suffit de connaître la formule, pour obtenir la réaction. Il a opéré sur les sels et les bases. Et cela non plus n’est point pour prendre les hommes par le sentiment et donner de la grâce aux choses. Il s’est armé parfois du calme d’un praticien, et d’une radieuse indifférence. — Et, avec tout cela, il est vraiment le maître du théâtre réaliste par la puissante démonstration qu’il a donnée pendant toute sa carrière, de la supériorité de l’art sur la réalité. Tout son génie éclate dans cette suprême antinomie.

J’ai dit plus haut que, dès la pièce qui a nom Diane de Lys, l’imagination de l’auteur avait cédé la place à la logique. J’aimai dit ainsi. Un homme qui a débuté par la Dame aux Camélias ne répudie pas de cœur léger les qualités qui l’ont révélé grand artiste. Au fond, la logique de M. Alexandre Dumas fils est beaucoup moins