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XXXIII
POSITIVISME ET RÉALISME.

dans l’étude de la vie contemporaine. Personne n’aforcé plus de secrets, révélé plus d’antinomies, éclairé plus d’équivoques, dénoncé plus de préjugés iniques et spécieux. A tout instant, il a côtoyé l’extrême limite de ce que le théâtre peut offrir aux yeux de réels dessous, cyniques ou mystérieux. Il a poursuivi le pseudo-pusitivisme jusque dans ses pires illusions, ses plus fâcheuses ou odieuses maximes. D’un regard assuré, derrière le front du sphinx, il a percé l’énigme de la femme moderne. Il a violé le sanctuaire de la déesse ; il y est entré comme Louis XIV au Parlement, botté, la cravache à la main ; que dis-je ? il a cravaché, chapeau bas, le sourire aux lèvres. Et il en est sorti avec une provision de documents : il avait vu face à face l’Idole, et surpris le culte en pleine décadence. Au monde étonné, au demi-monde scandalisé il a fait paraître les nudités de l’amour égoïste, de l’amour notarié, de l’amour monnayé ; à coups de logique il a enfoncé sur le premier plan du théâtre les inévitables jalons du pays de Tendre-en-Adultère : instinct, curiosité, sensualité, libertinage. Il a beaucoup vu, tout dit, tout redit, et de telle manière que ses observations furent manifestes et lucides, et qu’aucune âme, je dis la plus honnête, ne s’y pût méprendre. Il a mis tous les points sur tous les i. avec une lumineuse et implacable exactitude. Si le réalisme est l’expression des réalités ambiantes, je cherche vainement un écrivain plus réaliste que celui-là.

Ce n’est pas tout. Pour édifier une société positiviste