Page:Parigot - Le Théâtre d’hier, 1893.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXI
POSITIVISME ET RÉALISME.

est à la fois plus ancien et plus moderne. Plus proche encore du pur classicisme par le choix de quelques sujets (Le Monde où l’on s’ennuie, La Souris), il est peut-être plus voisin du théâtre de demain par son penchant à l’analyse et l’orientation de son œuvre vers l’intérieur. Bien qu’elle soit moins considérable et d’une moindre influence sur notre temps, je ne serais nullement étonné que l’avenir fût assez doux à ce Marivaux d’un réalisme mondain et subtil, qui s’est plu à peindre et préciser la chose la plus insaisissable et imprécise, qui est l’éveil du cœur de la jeune fille ; et que, sous réserve de renouveler avec plus de décision le prétexte de ses comédies, de donner du champ à son observation, et de ne point commettre en de menues habiletés sa poétique fantaisie, il laissât le renom d’un observateur très artiste et d’un analyste sensible et raffiné. Mais il en faut convenir : malgré le succès sans égal du Monde où l’on s’ennuie, M. Edouard Pailleron est un peu isolé dans le mouvement du théâtre contemporain.

Depuis longtemps M. Alexandre Dumas fils occupe la scène en maître. Son entrée fut une prise de possession ; et, dès sa seconde pièce, Diane de Lys, positivisme et réalisme en recevaient une impulsion singulière. Il a rompu l’équilibre si doux à la conscience littéraire d’Augier. Il a regardé la société en face ; et son imagination jeune et fougueuse, qui avait poétisé avec quelque candeur la peu mystique Dame aux Camélias, en fut soudainement effarouchée. Toutes les erreurs,