a étudié le droit sur les genoux de mademoiselle Amanda, et qui en garde au cœur des illusions ensoleillées ; et le receveur, qui est sourd ; et le capitaine des pompiers, qui dort sur son casque ; et madame Bernardin, la mère, plus aigre que madame Jourdain et moins passive que madame Guérin ; et la belle madame Delaunay, une pervenche de sous-préfecture, bonne mère au demeurant, « qui allaite son enfant d’une main et de l’autre joue une symphonie de Beethowen… », mais un peu rêveuse, et que trouble étrangement la vue des Eliacins. Tout ce monde vous a un parfum de Montélimart, et fleure la province, exhalant une bêtise confite et béate, une ambition sournoise et médiocre, et certaine sentimentalité de Petit Journal, qui est un régal. Réunis, ils forment un ensemble solennellement comique et familièrement ridicule : une douce caricature, une pochade malicieuse et inoffensive. Quand tout le monde est présent, Bernardin tire sa montre Diable ! Le train part dans trois quarts d’heure ! Il demande à Victoire un sucrier, une carafe et un verre, « tout ce qu’il faut pour parler », et, ouvrant la séance, il prononce son discours-ministre.
« … C’est pourquoi, Théodore, je veux te signaler comme détestables, anarchiques, et dont tu devras t’abstenir, deux classes spéciales dans la société : la première… (je ne voulais pas les nommer, mais je n’ai pas pu faire autrement), les journalistes, et la seconde… (je ne voulais pas les nommer non plus)… et la seconde les courtisanes… Les journalistes, héritiers des maximes funestes de quatre-vingt-treize (très bien, très bien à droite)… qui, après avoir noyé leur plume dans les flots de l’orgie, voudraient noyer la société dans des flots de sang. Abstiens-toi, Théodore… (Applaudissements)… Mais comment parler, sans choquer la pudeur, de ces femmes, sont-ce bien des femmes ? capables de… Que si… Abstiens toi. Théodore, abstiens-toi ! » — Un employé du chemin de fer : — « c’est ici qu’il y a des malles à prendre ? » — « Oui, mon ami, c’est ici. Voulez-vous tous asseoir un instant et écouter la fin de mon discours ? »
Et quelle fin ! L’éloquence pédestre ne suffit plus,