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VICTORIEN SARDOU.

sans dépasser le technique et le procédé d’un spécialiste, qui se répète et se connaît…

Car si M. Sardou est victime d’un malentendu, personnellement il n’en est pas la dupe. Pour avoir toujours su ce qu’il faisait, il a longtemps apprivoisé le succès. Il l’a même exporté. Sa réputation s’étend du côté de l’Orient et de l’Occident jusqu’aux régions extrêmes, où le soleil se lève et se couche. Et j’ose dire qu’elle est proportionnée à son talent. Il est l’heureux artisan de sa fortune. L’étranger le cite avec admiration. Il a des intermédiaires et des comptoirs qui sont en pleine prospérité. Il fait au dehors honneur à l’article de Paris. Il en est bien l’adroit et imaginatif ouvrier. Seulement, si nos successeurs lui réservent une place dans l’histoire du Théâtre d’Hier, il devra cet équivoque honneur moins aux qualités de son esprit qu’à l’abus qu’il en a fait, moins aux ouvrages qu’il laisse et qui lui donneront l’illusion de la gloire tant que, lui vivant, ils garderont leur valeur marchande, qu’à la réaction qu’ils ont soulevée contre les règles les plus élémentaires de la composition et de l’invention dramatiques. Et l’on peut craindre que le jugement des hommes ne lui soit d’autant plus sévère, que cette réaction aura été plus violente et dommageable à l’Art.