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LE THÉÂTRE D’HIER.

que je vous appelle ? Ne l’êtes-vous pas, roi de Phtiotide ? » Et la gaité convulsive se change en un chatouilleux frisson, dès qu’Offenbach entre en jeu.

Il y a mieux encore. Cet art si léger ne serait qu’une parodie équivoque, si les auteurs n’avaient pris le soin de la rendre inoffensive. À la poésie homérique ils ont mêlé quelques franches repues de verve, de gaie science, de tradition gauloise. Au culte dont les Grecs honorent la beauté virile se substitue en sous-œuvre la légende toute française du beau gars bête comme l’oie des oies, et celle toute rabelaisienne du singe aimé des femmes. Tel, Achille aux pieds légers, qui abat 100 à la tête-de-turc, tête-de-turc lui-même. Tel, le prédestiné ravisseur Pâris, un Michu d’épopée, doué d’un charme énigmatique et d’un oval douteux. Calchas encore est un bon moine paillard, raillard et « joueur comme les dés. » Pour le blond Ménélas, chéri de Mars, c’est le plus épique des cocus de fabliau. Mari, il nous éloigne un peu de l’Iliade ; mais, roi, comme il nous y ramène !

« Qu’est-ce que je désire, moi ? Que tout s’arrange. Qu’est-ce qu’il faut pour ça ? Que la reine fasse un petit voyage à Cythère et sacrifie cent génisses blanches ? Rien de mieux ! La reine fera ce voyage, et c’est mon peuple qui paiera les génisses blanches. » — « Vive Ménélas !» — « Oui, mes enfants, vous les paierez. »

Cette spirituelle et profane synthèse des arts et des civilisations est une vue précieuse, et la Belle Hélène un chef-d’œuvre exquis, — dont le plaisir inquiète.



III

MŒURS ET CARACTÈRES.

La Petite Marquise. — Froufou.

Cette double impression s’avive et s’affine dans les comédies de mœurs écrites en collaboration par