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LE THÉÂTRE D’HIER.

hygiénique. Alors, vous vous écrierez, guéris ou en voie de l’être : « Mon Dieu, que les hommes sont bons ! Que les femmes sont bonnes ! Et que vous êtes bon, vous-même, de nous avoir donné le plaisant spectacle du monde et de la bêtise de nos contemporains, qui me réjouit infiniment ! Je vous loue, ô mon Dieu, d’avoir parfait votre œuvre, longtemps après le septième jour, et créé Labiche, qui ne fut pas un homme de génie, encore qu’il ait fourni bien du plaisir à beaucoup d’honnêtes gens, mais un mirifique entrepreneur de bienfaisantes gaudrioles, un grand pourvoyeur du rire public, avec le tour de tête d’un clown de bon sens, et qui aurait pratiqué Scribe. Vous avez voulu qu’il donnât un perpétuel exemple d’humilité et de charité toutes chrétiennes, en collaborant, pendant sa vie entière, depuis le Chapeau de paille jusqu’au Dictionnaire de l’Académie française ; et il vous faut remercier. Seigneur, de lui avoir accordé quelques qualités assez personnelles, pour que la postérité pût sortir d’embarras, et, parmi tant de collaborations, ne fût point tentée de disputer sur son existence : c’est à savoir, avec la science infuse des tréteaux, une fantaisie abracadabrante relevée d’une langue délirante, au service d’une philosophie pas méchante. » — Ainsi soit-il !


II

LE MÉTIER. — LE VAUDEVILLE


La gaîté de Labiche jaillit à gros bouillons de sa prodigieuse fantaisie. Ses collaborateurs étaient hommes d’esprit. Je suppose que plusieurs ont dû lui apporter des sujets : et ce n’est pas diminuer leur mérite, car plus d’une de ses pièces vaut surtout par l’imprévu et la drôlerie de la situation initiale : l’affaire de la Rue de