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XIII
SCRIBE ET LE VAUDEVILLE.

l’optimisme malicieux de Scribe. Il ne sonne pas, avec les romantiques, la fanfare d’une aristocratie de fraîche date. Il est à mi-chemin entre Ruy-Blas, qui s’égare, et M. Poirier, qui se prépare. Il se tient tout proche du noyau de la bourgeoisie, qui monte avec contentement, mais sans éclats. Il a le bon sens hardi, qui est la force sereine du Tiers. Il est Tiers, avec une sage ironie. Secouez le flacon romantique : vous y verrez, au fond, comme un dépôt de tragédie. L’auteur d’Une Chaîne est plus familial. Il est Tiers. Il loge son idéal confortablement, dans le bien-être de la bonne honnêteté quotidienne. Il est à mille lieues de s’exalter. Une discrète poésie contente son cœur, et suffit à parer les vertus de famille qu’il prise davantage, les vertus en bonnet rond ou en capote pensée. Il a le sens de la vie moderne, avec une vague appréhension des excès où elle décline. Mais l’heure des Effrontés n’est pas encore venue. Il est Tiers, poète, et romanesque à la mode du Tiers, avec ce chauvinisme bonhomme qu’il a respiré dans l’atmosphère de la légende impériale, et qui, sur son théâtre, en regard de la veuve éplorée, place le colonel, que nous appelons aujourd’hui pompier. Dans Maître Guérin, dans Jean de Thommeray, Émile Augier usera encore de ces pompiers-là. Il l’est jusque dans cet optimisme tout intime, qui est une date, au début d’un siècle adolescent et encore ébloui : optimisme nullement encombrant d’ailleurs, pas trop égoïste non plus, qui trahit la satisfaction, exempte de morgue, d’un fils de bour-