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LE THÉATRE D’HIER.

cette doctrine réformatrice, fût-elle cohérente, conséquente, pratique et sagement mesurée en ses conclusions, c’est-à-dire vraiment une doctrine, perd beaucoup de sa valeur, dès qu’on s’aperçoit que Paris y absorbe le royaume, qu’un coin de Paris dès longtemps silencieux et clos s’y substitue à la société moderne, autrement vivante, agissante et attirante au regard d’un moraliste, qui serait, ailleurs que sur le théâtre, un législateur et un penseur.

« Plus que personne, écrivit un jour M. Dumas dans la Préface de la Visite de Noces, nous sommes convaincu que, si l’on a composé avant nous, et si l’on doit, après nous comme de notre temps, composer des milliers d’ouvrages sur l’amour, c’est qu’on ne sait pas et qu’on ne saura jamais à quoi s’en tenir sur ce sentiment d’affection aussi varié et aussi uniforme, aussi fixe et aussi mobile que l’humanité même, dont il est le mobile et l’éternité. » Cela est fort bien dit, et l’on y sent l’expérience un peu attristée de l’observateur, qui a épié les transformations de ce sentiment propres à son époque et au milieu qu’il a fait vivre. Mais le penseur intervient ; l’Idée apparaît. La vie de la scène, la sanction du théâtre ne lui suffit plus : il lui faut un autre titre à l’admiration étonnée de ses contemporains. Ses théories morales se fondent à présent sur la science ; son Idéal, le second, se brouille de préoccupations physiologiques ; il applique à l’amour la notation chimique et la formule du chlorure de calcium. Avec beaucoup d’originalité, de mesure et de finesse il avait dessiné jadis son personnage de Montègre, un hercule platonicien. Mais il était écrit là-haut que le penseur renchérirait toujours sur le dramaturge, impatient des nuances que l’autre saisit d’instinct, et avide d’ériger en théorie les observations que l’homme de théâtre attrape au vol, par un don de nature.

Ses gens à la science aspirent pour nous plaire.


Et voici que la passion, ondoyante, diverse et si ma-