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LE THÉATRE D’HIER.

plus que les autres : et c’est un mauvais signe que d’être en même temps dilettante et savant. Cela conduit à fausser la vérité, à observer les types à travers des théories, et non plus à tirer les types de l’observation. Rémonin est un observateur pénétrant ; mais il a inventé un système du monde, un système universel, qui répond à tout, et qui par suite n’est qu’une déviation de la vérité.

Et voici que terminant le chapitre consacré aux Hommes de ce théâtre, et rencontrant au bout de la galerie ce théoricien cher à l’auteur, il me vient un scrupule. J’ai été séduit par l’habileté, conquis par la vigueur, attiré par la puissance d’observation du dramaturge, et je suis en retard avec le penseur, la doctrine et les Idées de M. Alexandre Dumas, qu’il met plus haut que tout le reste. Et je ne m’en excuse pas plus qu’il ne faut.


VII

LES IDÉES DE M. ALEXANDRE DUMAS.


Et donc, M. Dumas a ses Idées, comme madame Aubray, et non pas seulement des idées de pièces — qui ne sont jamais banales, — mais, d’autres, moins originales peut-être, et qui sont morales, scientifiques ou religieuses. Il ne lui a pas suffi d’être un dramaturge supérieur ; il a voulu apparaître sur le théâtre comme un penseur, un savant, et un évangéliste.

Sur ses drames il a greffé ses Idées et enrichi ses observations de théories. On n’y saurait contredire départi pris ; car il me semble qu’il y aurait autant de puérilité que d’ignorance à condamner a priori la « pièce à thèse » de M. Dumas, comme s’il en était l’in-