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X
INTRODUCTION.


II

SCRIBE ET LE VAUDEVILLE.


Scribe a eu un mérite que les plus intrépides d’entre les modernistes feront sagement de méditer. Il a écrit pour le public, et non contre lui. Hormis le style, il a rendu au théâtre moderne à peu près le même service que Corneille au théâtre de Molière. Il a été un initiateur. Il a frayé les voies. Son imagination a rajeuni tous les genres dramatiques. Opéra, opéra-comique, comédie de mœurs, comédie politique en ont emprunté une vie nouvelle. D’un coup de sa magicienne baguette il a tiré de l’ornière le char de Thespis embourbé. Si l’honneur d’avoir été joué en plusieurs langues a pu donner quelque orgueil à l’auteur du Cid, cette satisfaction internationale n’a pas été marchandée à Scribe. Il n’est pas le Corneille du Cid et tant s’en faut ; mais nous lui sommes presque autant redevables que Molière et Regnard au Corneille du Menteur. Ou nos pères étaient des sots, ou ils ont eu quelques solides raisons de se plaire à Scribe.

Il a simplement renoué la tradition de l’art dramatique. Le drame de Victor Hugo, pour magnifiques qu’en soient les envolées, marque un temps d’arrêt dans le développement du théâtre d’observation. Il est constant que le lyrisme romantique faillit faire dé-