Page:Parigot - Le Théâtre d’hier, 1893.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LE THÉATRE D’HIER.

tère, qui laisse beaucoup à penser et rien à dire. Et du même coup, reconnaissez que des Targettes est petit garçon auprès de ce philosophe, et que M. Dumas ouvrait une voie tant exploitée après lui. C’est l’amant qui devient ridicule, n’étant plus que le second mari : une quintessence conjugale, sans le mérite de la dignité même étudiée, de l’inertie même détachée, des révoltes qui n ont point abouti, et d’un certain courage paresseux, qui n’est pas dénué de grâce. Cet égoïsme peut passer pour sagesse, et mérite au moins la sympathie, quand on le compare à celui de certains maris, plus élégants et fringants, et que M. Dumas, retenu par le seul respect de leurs victimes, a préservés de ce que vous savez. Le prince Georges est un affolé, le marquis de Riverolles[1], un niais qui a du monde : tous deux assez insignifiants, et qui jouent les utilités modernes. Quant au petit de Septmonts[2], comme l’appelle sa cousine de Rumières, chenapan de noblesse, tête vide, cœur froid, enragé de mode, endiablé de genre, et décidé à tout pour satisfaire ses caprices et ses vices, ah ! fini, fini de rire : il est bien l’égoïsme le plus finement pervers qu’ait jeté sur la scène le talent de l’auteur. Il n’a plus guère d’honneur, le petit de Septmonts, mais il a de la race joliment ; il y a en lui du petit marquis de Regnard, avec plus d’impertinence, de morgue et de dépravation. Il n’est point débraillé comme lui, mais il n’a pas non plus la suprême élégance de Gaston de Presles ; il s’encanaille au besoin, et noie ses déboires dans la crapule. Il s’est vendu au tiers état, en attendant qu’il soit en coquetterie avec Belleville. De ses traditions de famille il n’a guère conservé qu’une grande confiance en soi, une idolâtrie de toute sa personne et je ne sais quel brio chevaleresque dans les heures de folie, après minuit. De la chevalerie c’est tout

  1. Francillon.
  2. L’Étrangère.