est arrivé à l’extréme limite de l’observation pénétrante et impitoyable, qui s’est exercée avec puissance et obstination à la peinture de ces charmeuses au sang glacé, de ces déesses froides aux cheveux roux, qui humilient les honnêtes femmes sacrifiées et désespérées, mais qui les vengent…
Mais quoi, toujours du sang, et toujours des suppliées !
murmure Mme Leverdet très fort scandalisée. Où l’auteur
a-t-il pris que les femmes de son temps soient ainsi
faites ? En vérité, je ne me saurais reconnaître dans ces
ouvrages, qui blessent les pudeurs les plus délicates de
la femme. » — Aussi n’est-ce point la pudeur de Mme Leverdet
qui est en jeu, mais le bonheur, mais la vie des
pauvres filles désabusées, des épouses irréprochables et
attardées dans ce monde, qui va bon train, et qui roule
si vite, qu’on se demande quel frein pourra l’arrêter,
et où aboutira ce culte irraisonné de la femme, dont la
vraie femme, simple et aimante, est suppliciée. Car
voyez, vous qui avez eu l’esprit de prendre sagement
votre parti de toutes choses, la triste figure qu’elles
font, les autres, celles que la raison, ou l’éducation, ou
la bonne nature a préservées du piédestal, de l’autel et
du temple, et le peu de place qu’elles occupent, à moins
que pour se défendre elles n’en viennent aux moyens
des drôlesses, quand elles ont le courage seulement de
se défendre. La princesse Georges, pour qui la loi ne
peut rien, arme le bras de Terremonde et cause la mort
d’un innocent. Son mari lui revient, à la bonne heure ;
mais le mouton bêlant reviendra aussi dans ses rêves.
Voyez Francillon, victime de la plus sotte existence
mondaine, voyez où la pousse le désespoir, et où elle
sombrerait, si M. Dumas, par bonté d’âme, ne la retenait
au bord de l’abime. Tant mieux, mais je crains les
suites. Et considérez aussi combien les honnêtes femmes
sont effacées et ternes dans cette vie enivrante, où