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LE THÉATRE D’HIER.

culée, un tour de force de la civilisation moderne, la Vierge du mal ! Bien des fois M. Dumas avait été tenté par ce phénomène exotique, indiquant d’un mot, au début d’une généalogie, le genre de ferment que le rastaquouérisme féminin sème dans nos mœurs et qui achève de les désorganiser. Étrangère, la comtesse de Simerose, par sa mère, qui était Grecque, étrangère la comtesse Savelli, qui, aimable et désirable, si elle se pouvait fixer à un honnête homme, quelque part, promène ses velléités d’amour et ses crises d’ennui entre Naples, Paris et Londres ; et encore Sylvanie, fille naturelle de lord Hatherbrok, et aussi la femme de Claude, dont les aïeux Teutons sont de très vieille lignée bavaroise. Oui, il paraît bien que, dès le début de sa carrière, ou à peu près, M. Dumas a distingué nettement le danger qu’apportent avec elles ces femmes qui n’ont ni patrie, ni foyer, libres partout, à grandes allures et d’une indépendance exaspérée, qui s’abattent sur les capitales toujours trop petites pour leur fièvre de mouvement et leur rage de domination.

Mais il n’y a qu’une étrangère, qui est devenue un type au lendemain même de la première représentation. C’est mistress Noemy Clarkson, originaire de la Louisiane ou de la Caroline du Sud, née quelque part et qui mourra je ne sais où, reine ou déesse (la divinité les obsède décidément toutes) dans une tribu de l’Afrique centrale, sur un trône d’ivoire surmonté de têtes humaines ou dans un temple de porphyre, où les Européens seront immolés en sacrifice. C’est une dompteuse américaine, qui domestique les hommes à la cravache, qui les dresse en haute école, impassible, impeccable, et intacte, et, la recette encaissée, les lâche en liberté, vides, nuls, encore sous le charme, et les renvoie à la prison, à la folie, au déshonneur, au meurtre, au suicide. L’étrangère n’est point vénale ; je veux dire qu’elle n’engage jamais sa personne. Il est vrai qu’elle fait payer le froufrou de sa robe et le parfum de ses