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LE THÉATRE D’HIER.

laissent l’impression bizarre de ces mortels bijoux, avec le brillant froid de l’acier et le frisson que donne une force aveugle et dangereuse à manier. En cela ces types diffèrent de la tradition classique. Oui, si Mauriceau est plus proche de Jourdain que de Poirier, sa fille est proprement une force, qui pousse droit à son amour, dont il faut que quelqu’un meure ; c’est le vibrion qui disparaît, hu, hu, mais ce pouvait être, l’autre, oh ! oh ! aujourd’hui le duc de Septmonts, hier Paul Aubry. Et, en dernière analyse, de cette contradiction plus que jamais exagérée à notre époque, entre la femme adulée, divinisée sans mesure, et puis méprisée, déclassée sans merci, de ce culte du sexe qui aboutit à la lutte des sexes, naît dans le théâtre de M. Dumas un ridicule qui s’évanouit assez vite en des teintes plus sombres, et qui donne à certaines figures un étrange et saisissant relief ; depuis la pauvre fille inconsciente, comme Clara, en passant par la femme qui suit aveuglément son cœur, comme Catherine, jusqu’à l’autre, celle qui ne suit que son instinct, la créature, non pas seulement légère, ou écervelée, ou indépendante, mais froide, perverse, et gâtée, la Sylvanie de Terremonde, et aussi la Passion mauvaise, l’être de destruction, la Bête de l’Apocalypse, la femme de Claude.

L’ennui est la maladie de l’idole, dont la béatitude serait parfaite sans lui. L’adoration continue lasse, parce que nécessairement elle se répète, et que, se répétant, elle s’affaiblit. Vous vous rappelez l’un des plus spirituels chapitres qui soient sortis de la plume de Gyp, dans la jolie satire Autour du Mariage. Paulette est trop célébrée, trop uniment, trop universellement ; cela est exécrable ; elle en est exténuée. Elle fait le tour du salon pour recueillir les aveux, une déclaration d’amour qui soit plus neuve, qui tranche sur les autres, qui la repose enfin de ce culte, obstiné et obsédant dont elle est partout l’objet. Elle encourage,