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ALEXANDRE DUMAS FILS.

qu’il soit quelquefois honnête d’épouser une courtisane, ni surtout que M. Dumas doive plus tard écrire les Idées de Madame Aubray ou Monsieur Alphonse, déjà Diane de Lys incline à faire la preuve de quelque chose, à démontrer avec quelque rigueur… si peu que ce soit, ne fût-ce que l’aveuglement de la passion et les droits de la légitimité.

Et peut-être, après tout, le public ne s’y trompe-t-il pas autant que je disais tout à l’heure. S’il se plait au drame sentimental du début, surtout lorsqu’il a l’occasion d’y applaudir une comédienne de talent, il n’ignore pas que M. Alexandre Dumas est avant toute chose ce qu’il apparaît déjà dans Diane de Lys : un homme de théâtre et de doctrine, un dramaturge et un penseur. Sur le premier, il semble que l’opinion soit fixée ; à l’égard de l’autre elle est plus flottante et indécise. Peut-être le moment est-il venu d’en justifier les arrêts et d’en fixer les incertitudes.


II

LE SYSTÈME DRAMATIQUE.


Il faut le dire sans tarder. Jamais écrivain dramatique n’a fait plus délibérément ce qu’il voulait faire, n’a mieux su ce qu’il faisait. L’art de M. Dumas est réfléchi, conscient de ses moyens et de ses procédés, et repose sur une science approfondie du métier et de la part qui lui revient dans l’œuvre théâtrale. « Pour être un maître dans cet art, il faut être un habile dans ce métier »[1].

On veut qu’il procède de Sedaine et de la Chaussée ; on a raison, si l’on entend qu’il leur a emprunté la

  1. Préface du Père prodigue.