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LE THÉATRE D’HIER.

Mariage d’Olympe que le marquis de Puygiron pardonne assez aisément à Henri sa mésalliance, et que sans trop de rigueur le comte de Thommeray envoie son fils à Paris pour le distraire. Les banquiers ne sont guère plus rigides. Tous, en somme, sont assez enclins à passer l’éponge, à réprimander un peu haut, pour dissimuler leur indulgence. Chrysale a fait école. Ils sont de braves gens, qui, ayant eu l’esprit d’amasser une fortune, ne mettent point d’opiniâtreté à s’en reprocher l’origine, ni d’excessive rigueur à en contrôler l’emploi. Tous bons pères, un peu faibles. Roussel de Ceinture dorée gâte sa fille : rien n’est trop pour elle. Tenancier promène les bébés de la sienne ; Charrier aime aussi Clémence, pour laquelle il rêve un avenir doré. Venus à Paris en sabots, il leur sourit que leurs fils se chaussent de souliers vernis, cambrés et pointus. Ils sont capables de sacrifier leur fille par bonté d’âme ; pour leur héritier ils ont une sévérité complaisante. Il faut bien, après tout, qu’ils tiennent un rang et prennent du plaisir, ces quasi-gentilshommes, nés du grand financier de Paris. Juste une fois l’an, l’autorité reprend ses droits, à l’échéance. C’est une liquidation amiable et solennelle. La cérémonie commence sur le ton grave et s’achève sur le mode plaisant. « Tu es fâché contre moi, qui ai fait des lettres de change ; mais moi, je ne le suis pas contre toi, qui les as payées. » Henri retourne à ses plaisirs, et Charrier à sa caisse. Au fond, le bonhomme éprouve du contentement d Savoir un sacripant du bel air ; il a de l’argent ; son fils aura de l’argent ; sa fille épousera de l’argent, à moins d’un cas… Alors, Charriers et Tenanciers s’exécutent, quoi qu’il leur en coûte ; et ils paient leurs dettes comme celles de leur étourdi de gentleman. Ils ne sont ni des effrontés ni des fripons : ils sont pères et banquiers.

Dans un théâtre élevé à la gloire de la famille, les mères sont nombreuses. Leurs travers et leurs préju-