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INFLUENCES ANGLAISES.

costumier, de décorateur, de magasinier et de metteur en scène ; il a brossé les toiles de fond et réglé les tableaux, beaucoup de tableaux, et bientôt trop.

Les premières pièces de Dumas sont inspirées de cette source à un point qu’on a trop oublié. Christine doit davantage à Schiller. Mais le rôle de Paula, douce figure de chien fidèle, est chère au romancier écossais (et aussi à Byron) ; Monaldeschi rappelle Leicester placé entre Élisabeth et Amy Robsart (et aussi le Leicester de Marie Stuart). On sait que dans Henri III et sa Cour la scène du gantelet et celle de la porte sont empruntées d’un passage de l’Abbé, où lord Lindesay veut faire signer à Marie Stuart son abdication[1]. On sait moins que le personnage de Ruggieri est fils du Galeotti Martivalle de Quentin Durward. On trouvera aux pages 177 et 178 du roman la mise en scène détaillée du premier acte d’Henri III. Tout y est, jusqu’à la porte de communication avec la chambre de Ruggieri, d’où un ressort fera tout à l’heure avancer le sofa sur lequel repose la duchesse endormie. Louis XI appelle Galeotti « mon père » et Galeotti nomme le roi « mon frère ». Ruggieri dit à Catherine de Médicis « ma fille », et s’entend décerner par elle aussi le nom de père. Et il sait flatter les reines comme Martivalle les rois : « C’est donc un nouvel horoscope que vous voulez, ma fille ? Si vous voulez monter avec moi à la tour, vos connaissances en astronomie sont assez grandes pour que vous puissiez suivre mes opérations et les com-

  1. Henri III et sa Cour, III, sc. v, pp. 74-75, et V, sc. ii, p. 196. Cf. l’Abbé, ch. xxii, pp. 250-251 « … Et saisissant avec sa main couverte d’un gantelet de fer le bras de la reine, il le pressa, dans sa colère… etc. », et ch. xxxii, p. 361. « Il est vrai qu’il n’y a pas de barre de fer ; mais les anneaux y sont, et j’y ai passé mon bras, comme le fit une de vos ancêtres, qui, plus loyale que les Douglas de nos jours, défendit aussi la chambre de sa souveraine contre des assassins… etc. »