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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

d’Écosse, qui n’aboutit pas[1]. En 1827, Scribe fait dire à Poligni dans le Mariage d’argent : « Le Salon a ouvert cette semaine, et il paraît qu’Olivier a exposé un tableau magnifique, un sujet tiré d’Ivanhoe, la scène de Rébecca et du Templier, le moment où la belle juive va se précipiter du haut de la tour[2] ». Au Salon de 1828, Mademoiselle Fauveau expose deux bas-reliefs, dont l’un est une scène de l’Abbé, qui fournira bientôt deux situations importantes d’Henri III et sa Cour. Tout comme un autre, Dumas est assez fantaisiste et assez peu littéraire pour goûter pleinement cette populaire diminution de Shakespeare.

Il en admire le bric-à-brac, tout ce qui parle aux yeux. Cette admiration n’est pas très différente de celle qu’éprouvaient les voisins d’Abbotsford, lairds ou fermiers, que le romancier réunissait autour d’une table somptueuse, et qui dînaient, au retour des grandes chasses, très flattés et un peu ébaubis, au milieu des cathèdres, des hauts dressoirs et des bahuts sculptés, parmi les décorations des larges plaids, les grandes épées de highlanders, les hallebardes, les armures et les trophées[3]. Ils vénéraient le seigneur de ces biens et sentaient monter en eux une obscure conscience de leur race. Goethe, dans Gœtz de Berlichingen, avait ainsi débuté par éveiller le sentiment germanique.

  1. Mes mémoires, t. IV, ch. cviii, p. 267.
  2. Théâtre d’Eugène Scribe, Michel Lévy, édit. 1856, t. I. Le Mariage d’argent, I, sc. iv, p. 47. Cf. Ivanhoe (trad. Dumas), t. I, ch. xxiv, pp. 289-290. Cette popularité de Walter Scott n’était pas entièrement refroidie en 1868. La Revue de Paris (No du 15 mars 1894) publiait naguère des lettres inédites d’Octave Feuillet, où il parle (p. 10) avec l’impératrice Eugénie de W. Scott, « qu’elle possède bien ». Et plus loin (p. 30) : « Je me suis couché au lieu de souper. J’ai lu Walter Scott, mon meilleur ami et ma seule famille… »
  3. Voir Taine, op. cit., liv. IV, ch. i, § iv, p. 300.