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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

léger. Mais il s’aperçoit que Schiller a gâté, dans son premier dénoûment, le caractère farouche de Verrina, et fait de ce vieux républicain un homme ordinaire et médiocre, pour le plaisir sans doute de finir sur un mot amer : « Où est Fiesque ? — Il s’est noyé… Il est noyé, si ce tour vous agrée mieux… Je vais trouver André[1]. » Je ne crains pas de dire que Dumas a trouvé beaucoup mieux, sans trahir la philosophie de l’original. Il ajoute une scène, où il résume l’action et l’utopie du sujet. Le peuple, que Verrina a voulu affranchir, pour l’amour de qui il a fait mourir Fiesque qu’il chérissait, revient docilement au joug des Doria contre lesquels il s’est soulevé. Alors le farouche Verrina, prisonnier, reconquiert sa liberté d’un coup de poignard, bravant jusqu’au bout la tyrannie.

LOMELLINO.

Pour la mort du rebelle il est des échafauds.

VERRINA.

Je récuse mon juge et non pas mes bourreaux.
Commande.

LOMELLINO.
Tu le veux ? Soldats, qu’on le saisisse,
Qu’on le conduise aux lieux où l’attend le supplice,

Qu’il trouve le trépas en de lentes douleurs.

VERRINA.

Je les brave.

LOMELLINO, avec un rire féroce.

Et pourtant tu pâlis.

VERRINA, montrant un poignard ensanglanté.

Non, je meurs[2].

Ne glissons pas dans le travers de découvrir tout un monde en un essai inédit. Le principal intérêt de cette traduction vient de l’époque où elle fut écrite, et

  1. La Conjuration de Fiesque à Gênes, V, sc. xvii, p. 348.
  2. Manuscrit inédit, V, sc. x.