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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

sissant presque toujours au gré des galeries, et jamais au goût des historiens.

À la vérité, dès Henri III et sa Cour, notre dramatiste penchait du côté de la Tour de Nesle, vers le drame de cape et d’épée, qui mit dans le plein de la légende, du napoléonisme, des fringales Imaginatives, et qui fut une manière de Cid, dans sa sphère, en son temps, pour son public. Mélodrame, dit-on. Pourquoi pervertir les termes ? « Melos, musique, et drama, drame[1] », observe judicieusement Cotonet. Un mélodrame est supérieur à une méchante tragédie, quand il va au cœur des masses profondes, quand il exalte copieusement l’énergie alerte d’une race, et s’il est une œuvre de théâtre telle qu’un demi-siècle de drames et mélodrames s’en nourrit. Parce que Dumas a écrit la Tour Saint-Jacques, et que des Tour de Londres se sont dressées à la suite, ne méconnaissons pas la Tour de Nesle.

Le même souffle appointa Antony. Le drame social est la contre-partie du drame historique, Antony d’Henri III. L’un et l’autre furent trempés à la source populaire. Dans l’un, trois éléments entrent en jeu : l’abus des mémoires et chroniques, qui est excès d’école ; la mise en scène et en action de la cour et de l’époque ; et le drame passionnel, dont l’adultère est le ressort. En l’autre, on peut faire de l’intérêt trois parts : la rhétorique romantique d’Antony, affaire de mode, vulgaire transposition de Byron et de Gœthe ; une peinture des mœurs et de la société modernes ; et un drame passionnel, dont l’adultère aiguise l’émotion. Antony est une œuvre romantique, certes, par sa date et sa littérature ; mais il n’est pas sensiblement plus lyrique ni autrement qu’Henri III, l’un et l’autre étant

  1. Première lettre de Dupuis et Cotonet, p. 207.