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L’ÉCRIVAIN. — CONCLUSION.

« Je cherchais le mot ; vous l’avez trouvé. » — « C’est qu’il y a plus longtemps que vous que je cherche[1] », repart le mari. Puis, comme corollaire : « Embrassez madame Pernelle pour moi. » — « Il faut bien que ce soit pour vous[2]. » Quand Dumas s’égaye, quand il entame une scène ou un récit comique, tenez-vous bien : il prépare quelque chose. C’est une tactique, dont son fils n’a pas compromis le secret. Jamais le père n’a plus d’esprit qu’au dénoûment ; et l’on sait combien ses dénoûments sont dramatiques. Jamais le fils n’est plus souriant que lorsque l’émotion est extrême, et la logique à bout. Chez l’un et chez l’autre, le mot final est un dernier coup de force, en même temps qu’une suprême saillie de la verve. Le vers qui termine Christine fait songer à la réplique qui achève l’Étrangère[3]. C’est le sourire de l’athlète qui a réussi[4].


II

CONCLUSION. DUMAS ET LE DRAME
DU XIXe SIÈCLE.

Le style est l’homme ; et Dumas est une force populaire. Aussi a-t-il trouvé, lui premier, ce drame de vie

  1. La Tour Saint-Jacques, IV, tabl. vii, sc. vi. p. 302.
  2. Ibid., p. 304.
  3. Eh bien, j’en ai pitié, mon père… Qu’on l’achève !
    (Christine, V, sc. vii, p. 292.)


    « Vous êtes docteur, monsieur. » — « Oui, monsieur le commissaire. » — « Voulez-vous bien venir constater le décès ? » — « Avec plaisir. »

    (L’Étrangère, V, sc. x, p. 373.)
  4. À ceux pour qui d’avance il est entendu que Dumas n’a point de style, je rappelle le sentiment de Nisard : « Observateur moins profond (que Balzac), Alexandre Dumas conte avec plus de vivacité, dialogue avec plus de verve et de naturel, écrit dans une meilleure langue. » (Histoire de la litt. franc., t. IV, p. 547.)