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L’ÉCRIVAIN. — CONCLUSION.

étoiles tombent comme des perles[1]. » Malgré les incorrections, la léthargie du goût, et le galimatias facile où l’improvisation glisse, en dépit des brutalités voulues et de l’analyse par trop rudimentaire, il est poète. Son style jaillit de la source populaire. Si le drame est la passion en acte, la langue de Dumas est proprement celle du drame.

Je ne reviens pas à ses vers. Toutes les qualités qu’il y montre, il les possède dans la prose, où plus en contact avec son public, sa force apparaît décuplée. Il y est lui-même. Et lui-même se compose de deux hommes distincts, mais non contraires.

L’un, vulgarisateur médiocre et superbe, est médiocre par la pensée, et superbe et gargantuesque par la forme. Celui-là est romantique, mais plus délirant que lyrique, et surtout occupé à projeter dans la foule un état d’âme complexe et emprunté, dont il se croit le plus fidèle interprète, étant le plus forcené. Oh ! que celui-là écrit mal, et qu’il a des attitudes de style réjouissantes ! C’est lui, dont le byronisme, le satanisme, le titanisme et autres barbarismes, font aujourd’hui sur la scène un bruit de vieille ferraille. C’est lui qui à tout coup défie le ciel, brave l’enfer, évoque les cadavres, ou s’écrie : « Tu es à moi comme l’homme est au malheur[2] ». Il est littéraire et voué à la caricature.

Ses déclamations sont comme des épées[3],

  1. Teresa. III, sc. v, p. 184. Cf. ibid., p. 186. « Alors, du rocher de Capri ou de la pointe de Misène, tu me diras en me montrant la ville qui surgit au milieu de son golfe comme une corbeille de fleurs : « Là-bas, vois-tu, c’est Naples… » Cf. Charles VII, I, sc. iv, p. 241, et V, sc. ii, p. 304. Cf. Caligula, I, sc. i, p. 35 et passim.
  2. Antony, V, sc. iii, p. 224.
  3. A. de Musset, la Nuit de mai.