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DUMAS PÈRE ET DUMAS FILS.

un jeune homme qui s’occuppe d’elle plus que des autres jeunes filles, qui lui révèle ainsi qu’elle est une femme en âge d’être aimée… La nature, la poésie, la musique deviennent leurs intermédiaires[1]… » Ainsi Angèle devint mère, à Cauterets, au pied des grands monts, vers le déclin de sa quinzième année[2].



III

DUMAS FILS IDÉALISTE À PARTIR DES
« IDÉES DE MADAME AUBRAY ».

« … À travers la campagne, sur les plateaux des falaises, tout seul, je jette dans le bourdonnement des insectes, dans le murmure lointain des flots, dans ces mille bruits qui composent le silence de la nature, je jette au hasard les vers des poètes… Je m’écoute, je m’excite, je m’enivre, jusqu’à ce que, le visage baigné de larmes, je ne puisse plus faire un pas, ni articuler un mot[3]… » Qu’on ne cherche pas ces lignes dans le rôle d’Antony : elles n’y sont point. L’auteur les a mises sur les lèvres d’un jeune médecin, très pieux, qui a nom Camille Aubray. On trouverait malaisément dans le théâtre du père un personnage plus rudement secoué par la passion. Il n’y a pas, dans l’œuvre du fils, de drame dont les intentions soient plus idéalistes ni l’idéal plus haut placé. Les Idées de Madame Aubray forment un drame sacré.

  1. L’Ami des femmes, IV, sc. ix, pp. 176-177. Cf., à l’origine, l’Intrigue et l’Amour, traduction de Schiller par Dumas père (Th., X), I, sc. v, pp. 197-198 : « Quand je le vis pour la première fois,… le sang me monta au visage, mon cœur bondit de joie…  » Cf. (parodie) la Petite Marquise, II, sc. viii, p. 47.
  2. Angèle, acte i.
  3. Les Idées de Madame Aubray, III, sc. i, p. 293.